Dans le monde entier, le maïs est la culture la plus répandue à des fins l’ensilage et de production laitière – ce qui en fait un élément important de nombreuses exploitations laitières. Afin de cultiver le maïs et d’obtenir les meilleurs rendements et ensilages possibles, les producteurs doivent tenir compte d’un ensemble de facteurs : sélection variétale, préparation du lit de semences, et pratiques exemplaires en matière de gestion de l’ensilage.
La culture du maïs
Préparation du terrain
La croissance rapide de la plante exige un apport adéquat de nutriments, ce qui se fait généralement par l’application d’engrais et d’oligo-éléments. La quantité d’azote est capitale pour la croissance du maïs. Il est difficile de définir précisément l’apport en azote, car les besoins de la plante sont satisfaits à la fois par l’azote appliqué et l’azote disponible par minéralisation du sol. Si la quantité d’azote est trop faible, la croissance des feuilles prend du retard et les feuilles sont plus petites. Par conséquent, la photosynthèse se réduit et, finalement, le dépôt d’amidon est plus faible que souhaité. À l’inverse, si l’on applique une trop grande quantité d’azote, la croissance des feuilles est excessive et la proportion de grain par rapport à la tige est plus faible dans l’ensilage final. Il existe également un risque de verse du maïs pendant sa croissance, ainsi qu’un risque de production de gaz de silo au début de l’ensilage. Le maïs est aussi très avide de phosphore, qui lui permet de développer ses racines, ainsi que de potassium, magnésium et soufre ; tous ces éléments doivent être présents sous une forme disponible aux plantes. De nombreux oligo-éléments proviennent du fumier animal, auquel il faudrait songer si ce n’est déjà fait. Voici les taux typiques d’élimination des principaux éléments, sur la base d’un rendement de 40 T /ha:
Azote = 160 – 210 kg / ha
Phosphore (en P2O5) = 55 kg / ha
Potasse (K) = 175 kg / ha
Point capital: Le moment propice et le taux d’application correct des engrais et des oligo-éléments sont essentiels à l’enracinement du maïs et à l’optimisation du rendement.
On doit répartir l’application d’engrais entre les applications de départ et les applications d’entretien. L’application d’azote après l’émergence se fait entre les rangs pour éviter de brûler la plante. L’application d’azote après la levée de la culture s’avère très bénéfique lors des années humides.
Une préparation soigneuse du lit de semences permet la germination rapide du maïs. Le maïs est très sensible à la compaction du sol, qui peut avoir un effet important sur l’enracinement. En cas de compactage sous la profondeur de la charrue, on doit recourir au sous-solage lorsque les conditions le permettent. Il faut labourer le champ avant de préparer le lit de semence en vue de produire un sol de qualité fine jusqu’à une profondeur de 8 cm. En dessous de cette profondeur, un sol ferme (non compacté) permettra de conserver l’eau.
Le maïs nécessite un sol dont le pH se situe entre 5,8 et 7 pour permettre sa croissance. Un pH inférieur à 6 demande une application de chaux. Si l’analyse du sol révèle un faible niveau de magnésium, il faut recourir au calcaire magnésien.
Somer
Les semences doivent être semées à une profondeur de 5 à 8 cm car si elles sont semées trop superficiellement, l’enracinement est entravé. Plus le sol est sec, plus il faut semer les graines profondément (plus près de l’eau). Le semis doit avoir lieu lorsque la température du sol atteint 8 à 10° C. Le choix du cultivar doit se faire selon les conditions locales et les conseils des semenciers. Des évaluations comparatives offrent des informations précises sur le rendement attendu de différentes variétés adaptées à des lieux particuliers.
Stades de croissance
Au départ, la croissance du maïs, très lente, est suivie d’une augmentation explosive de la production de biomasse. L’étude présentée ci-dessous a suivi la croissance du maïs sur 25 années, et donne des dates approximatives de chaque étape de la croissance.
Stade phénologique | Date Moyenne | Écart-type (jours) |
Semis | 29 avril | 4 |
Levée | 12 mai | 4 |
Premières soies | 15 juillet | 7 |
Grain laiteux | 13 août | 10 |
Grain pâteux dur | 31 août | 12 |
Maturité physiologique | 19 septembre | 16 |
Récolte | 3 octobre | 12 |
À la fin du stade de croissance végétative, il est possible d’estimer le rendement de la culture. L’application d’engrais d’entretien est à réaliser entre 30 et 45 jours après la plantation, car cela coïncide avec la plus forte demande de la plante en azote, phosphore et potassium. Le tableau (https://www.smart-fertilizer.com/articles/cornfertilizer/) de Smart-Fertilizer montre l’absorption et la demande de différents nutriments à divers stades physiologiques.
Récolte
On peut évaluer le stade de maturité du plant de maïs en croissance en observant la « ligne laiteuse » à l’intérieur de chaque grain de l’épi. Cette ligne sépare la partie amylacée du grain de la partie laiteuse. Par le passé, le maïs en pleine croissance était récolté quand la ligne laiteuse se situait entre la moitié et les deux tiers du grain, mais il est admis que le moment optimal de la récolte en vue de l’ensilage est à 34,5 % de matière sèche. On doit donc parcourir la parcelle pour évaluer la maturité de la culture qui pousse dans les champs. On perd une importante valeur alimentaire quand on récolte le maïs trop tôt (moins de 34 % de MS) mais on perd une valeur négligeable quand on le récolte jusqu’à 40 % de MS. Il vaut donc mieux récolter le maïs de manière à obtenir un taux moyen de MS de 35 % dans la mesure du possible (afin que toutes les plantes aient un contenu énergétique maximal). Ceci représente le stade de croissance R5,5 à R6 (R = reproducteur).
La lignine et les micro-organismes naturels indésirables sont concentrés à la base de la tige de maïs. Diverses études proposent plusieurs hauteurs de coupe optimales entre 20 et 45 cm du sol, sans que ne se dégage pourtant une seule hauteur de coupe optimale.
Au moment de la récolte, une coupe à 20 cm du sol minimum laissera la plus forte concentration de lignine de la tige dans le champ, et contribuera à la bonne digestibilité de l’ensilage final. En cas de culture logée ou de sol contaminé, la tige sera de plus en plus contaminée par des mirco-organismes indésirables, ce qui augmentera non seulement les pertes de matière sèche, mais diminuera aussi considérablement la valeur alimentaire. Une hauteur de coupe plus importante permet de maintenir le rendement global au moment du ainsi que la qualité de l’ensilage.
Un ensilage standard présente une longueur de coupe définie à la fois par sa matière sèche et par la finalité prévue de l’ensilage. La matière sèche doit être de l’ordre de 35 %. Plus la matière sèche augmente, plus la hauteur de coupe diminue. À 35 % de MS, la longueur de hachage théorique standard se situe entre 9 et 12 mm, et le processeur de grains doit être réglé à environ 2 mm pour garantir que tous les grains soient bien brisés (pas plus d’un grain entier dans un litre de maïs haché). Si les grains ne sont pas vraiment écrasés, les enzymes végétales ne peuvent pas pénétrer dans le grain et augmenter la digestibilité de l’amidon de l’ensilage de maïs pendant le stockage. Si l’ensilage de maïs est destiné à servir dans un fermenteur anaérobie, il faut considérablement diminuer la longueur du hachage de sorte qu’elle approche 2 mm afin d’augmenter la surface. Pendant la récolte et l’ensilage, il faut régulièrement contrôler le traitement des grains afin de garantir un traitement adéquat.
Point capital : S’assurer que le traitement des grains est complet et qu’il n’y a pas plus d’un grain entier dans un litre de maïs, qu’il serve à la production de produits laitiers ou de biogaz
En général, l’ensilage de maïs ne sert pas de source de fibres physiques efficaces dans l’alimentation, mais il convient de noter que lorsque la hauteur de coupe atteint 9 mm et moins, l’ensilage n’offre aucune fibre physique efficace. Alertez votre nutritionniste si la longueur du hachage est inférieure à 9 mm.
L’ensilage de maïs est très sensible à l’instabilité aérobie au moment du désilage. Cette instabilité entraîne directement des pertes de matière sèche, d’énergie et de digestibilité de l’ensilage en raison du développement des levures et des moisissures. Mais celui-ci entraîne également la production de produits indésirables dans l’ensilage qui réduisent la consommation de matière sèche par l’animal.
% MS | Délai de cross face | Hauteur de coupe | Roue de train | Inoculant |
35 | 1 jour | 9 – 12mm | Yes | Magniva Classic |
35 | 2+ jours | 9 – 12mm | Yes | Magniva Platinum 1 |
35 | Sans objet | 2mm | Yes | EnergySil |
Ensilage – La gestion de l’ensilage de maïs est importante pour assurer une répartition uniforme du maïs dans le bunker et un compactage régulier. Le silo doit être rempli en fines couches d’une vingtaine de centimètres d’épaisseur, avec un compactage adapté à la matière sèche.
Les bactéries naturelles (épiphytes) présentes sur le fourrage au moment de la récolte sont un ensemble d’entérobactéries (bactéries à recyclage), de levures et moisissures indésirables et de bactéries lactiques. L’efficacité et les produits finaux de ces différents micro-organismes sont très variables. Seules les bactéries lactiques sont à l’origine de la baisse du pH, en notant qu’une baisse adéquate du pH peut contribuer à inhiber la croissance d’autres organismes indésirables qui peuvent réduire la digestibilité, l’énergie et l’appétence.
Si l’ensilage de maïs doit être utilisé pour un système de digestion anaérobie, l’inoculant doit être précisément conçu pour produire des volumes plus élevés d’acide acétique, lequel est un précurseur du méthane.
Le bâchage du fourrage ensilé doit se faire aussi vite que possible. Les bords doivent être bien scellés pour minimiser le risque d’entrée d’air dans le bunker. On conseille un système plastique qui bloque l’oxygène et donne les meilleurs résultats possibles.
Stockage
Comme il est difficile de garantir une utilisation adéquate mais non excessive des engrais azotés pour un rendement optimal, le maïs ensilé présente parfois une quantité d’azote « retenu » dans la plante. Celui-ci est concentré à la base de la tige et peut être converti en oxydes nitreux pendant la chute initiale du pH du fourrage (les 2 à 10 premiers jours de l’ensilage). Le gaz tente de sortir de l’ensilage et, quand on observe ce phénomène, il faut tenir le personnel et les animaux à l’écart de l’ensilage jusqu’à ce que la production de gaz cesse. Si le gaz n’arrive pas à s’échapper de l’ensilage, l’étanchéité du bunker est parfaite et le gaz sera réabsorbé dans l’ensilage où il risque de le décolorer. Une fois réabsorbé dans l’ensilage, il ne représente aucun risque pour l’animal. L’ensilage peut alors être consommé en toute sécurité.
Point capital : Aux premiers jours de la fermentation, en cas de production d’un gaz brun ou orange à l’odeur de javel, évitez tout contact des humains et des animaux avec l’ensilage et contactez votre conseiller.
Désilage
Quel que soit le genre d’ensilage, la gestion du désilage est primordiale. Concernant l’ensilage de maïs, en raison de la haute valeur nutritive et énergétique de la récolte ensilée, il faut tenter de désiler le bunker en colonnes ou d’ôter tout le front d’attaque à chaque prélèvement. Le plastique doit être coupé en prévision d’un ou deux jours de prélèvement uniquement. Dans la mesure du possible, une fraiseuse ou une désileuse doit servir à maintenir l’intégrité du front d’attaque du bunker.